|
L'artisanat au Maroc: PATRIMOINE ARTISANAL DE L'ATLAS (Texte de Catherine CAMBAZARD-AMAHAN)Les principales activités économiques de l'Atlas, aussi bien du versant Nord que du versant Sud, sont l'agriculture et l'élevage (caprins, ovins, bovins). L'artisanat, lié à ces activités, s'est bien développé (instruments, outils agraires). Par ailleurs, certaines zones telles que l'Anti-Atlas et le Haut Atlas pratiquent depuis longtemps un artisanat d'art où l'esthétique prévaut souvent sur l'utilitaire. Cet artisanat comprend essentiellement les accessoires de l'apparat (bijoux, poignards, costumes...) et le mobilier (tapis, coffres, portes...). L'artisanat est le secteur le moins apparent et le plus subtil des activités à discerner, car, généralement, les artisans sont aussi, pour ne pas dire avant tout, des paysans, à l'exception, bien sûr, des artisans juifs qui ont quitté cette région il y a plus de trente ans. L'artisanat n'est pas un secteur qui agonise; au contraire, certaines branches telles que "l'artisanat de service" (maçonnerie, menuiserie, métiers du décor architectural..), sont en plein essor. L' artisanat dans cette région revêt des spécificité féminines et masculines; aussi, distingue-t-on l'artisanat des femmes et l'artisanat des hommes. L'artisanat des femmes: En plus des travaux culinaires et de l'élevage des bovins, la femme réalise des tissages généralement en laine (tadoud) et parfois en poils de chèvre (châar). Le tissage de la laine concerne aussi bien le tapis que les vêtements - aslham (burnous), ajllabi (djellaba), ahayk (drapé), - les couvertures et tentures - tafaout , hanbel - . On tisse en poils de chèvre akhidous (burnous gris) et atellis, sorte de tenture qui sert de couverture ou de bissac (pour le transport des céréales). Le tapis dans l'Atlas est tissé traditionnellement dans des zones bien précises : le versant sud de l'Anti-Atlas (Tazenakht et sa région), le Haut Atlas (Telouet et les tribus avoisinantes), le versant Nord du Moyen Atlas... Depuis l'Indépendance, on voit apparaître le tapis dans toutes les localités. Cependant, on distingue deux grands styles : le tapis des Aït Ouaouzguite le tapis des Glaoua et celui du Moyen Atlas. L'artisanat féminin, en général, est toujours destiné à la consommation familiale. La tradition de commercialiser le tissage n'existait pas en dehors de certaines occasions telles que les moussem. Depuis le début du siècle, le tapis de l'Atlas est de plus en plus commercialisé; il constitue même un apport économique important pour certains centres dont la production est connue mondialement (Tazenakht). L'artisanat des hommes: L'artisanat masculin est le plus répandu et le plus diversifié. On observe d'abord l'artisanat "de service" où l'artisan vend son savoir-faire (ses services) comme dans l'artisanat du bâtiment qui devient de plus en plus actif et mieux rémunéré. Le maçon utilise les mêmes techniques que ses ancêtres tout en recourant parfois aux matériaux nouveaux tels le ciment et le fer. La pierre, la brique sèche et le mortier d'argile (talakht) restent les matériaux les plus employés. Le bois est utilisé pour la charpente, les portes et les fenêtres. Ainsi, le menuisier est engagé pour équarrir les poutres (isoutar) et les solives (tighdouin) et parfois pour façonner les portes et les fenêtres lorsque ces dernières ne sont pas achetées déjà fabriquées en ville. Le bois fait de plus en plus défaut en raison de la dégradation de la forêt. Au nombre des artisans de service, on compte les forgerons qui continuent à exercer leur métier de manière séculaire avec le même outillage rudimentaire que naguère; ils fabriquent et réparent les outils, instruments et objets: tamkrazt (socle), imgr (faucille), sfiht (fer à cheval), toujours utilisés par leurs clients. Les ateliers sont en activité permanente. Certains types d'artisanat comme la fabrication des bâts (fabricant de bâts: bouihlsan), la soudure (tasyakht) et la cordonnerie (tasmmart), pratiqués traditionnellement par des israélites, sont réalisés aujourd'hui par des musulmans. On doit reconnaître que ces métiers sont exercés dans chaque localité par des artisans locaux plus au moins marginaux. Les changements que connaît l'Atlas marocain affectent de plus en plus son savoir-faire, notamment dans le domaine artisanal. Pourtant, l'artisanat pourrait être aussi pour cette région l'un des facteurs de développement les plus importants. Pour ce faire, les artisans qui sont, dans la plupart des cas, les plus déshérités des communautés, nécessitent un capital afin de se doter d'équipements (instruments de tissage) et de pouvoir accéder au marché. Produits artisanaux: PRODUITS A BASE DE TERRE: Beaucoup de courants artistiques se retrouvent dans l'artisanat de poterie au Maroc. Ceux-ci sont les conséquences des diverses civilisations qu'a connu le Maroc. Cette activité existe depuis les temps les plus reculés. Nous trouvons trois genres de cette poterie: 1) genre rural: Il se caractérise par la "représentation" du monde rural. 2) Genre citadin: Il présente une dominance de l'art islamique: combinaison d'écritures arabes, de motifs floraux et de dessins géométriques. 3) Genre où se mélangent et s'interpénètrent les deux genres précédents, que ce soit dans les centres urbains où viennent s'installer des artisans d'origine campagnarde, ou que ce soit dans des villages où les modèles citadins exercent leur influence. •1-
La poterie rurale: La distinction faite entre la poterie rurale du nord et celle du sud ne traduit pas seulement une répartition géographique, mais elle correspond aussi à une différence de procédés puisque, dans le nord, ce sont le plus souvent les femmes qui modèlent les poteries à la main (technique du colombin) tandis que, dans le sud, depuis la hauteur de Marrakech Demnate, ce sont les hommes qui façonnent l'argile en se servant de tours plus ou moins rudimentaires. La poterie utilitaire, non ou à peine décorée, reste vivante dans les villes et les campagnes, surtout en rapport avec les usages culinaires: •2-
La poterie citadine: Quelle soit de Fès, Safi, Marrakech, Salé ou Tétouan, elle s'est affirmée depuis quelques années vers une spécificité consciente de ses propres valeurs, un retour à la qualité des émaux et des dessins anciens et le renoncement volontaire et assez général a emprunté à l'art occidental des éléments de ses styles baroques, réalistes ou cubistes. Les couleurs dominantes de ces produits sont le blanc, le vert, le jaune et le noir tendant au rouge et au bleu. Quant à la décoration des divers objets de poterie nous constatons qu'elle s'inscrit dans une structure de base bien définie. L'imagination de l'artisan n'intervient que pour les détails. •3-
La mosaïque de faïence ou zellij: La mosaïque de Faïence ou Zellij qui est une des gloires de l'Artisanat Marocain, n'a pas perdu sa vitalité ni épuisé la richesse de son répertoire depuis l'époque (14ème siècle). Une poterie et céramique du bâtiment reste également demandée: tuiles et planelles vernissées pour les toitures et les revêtements de sols et de murs, sans parler des briques de terre cuite qui sont toujours un des matériaux de construction les plus employés. •4
- Le plâtre sculpté et la pierre taillée: Le plâtre sculpté et la pierre taillée relèvent des arts du bâtiment. On peut citer également les objets que les lapidaires façonnent dans des pierres semi-précieuses ou dans les calcaires fossiles d'ERFOUD (région Meknès-Tafilalet). PRODUITS A BASE DE TEXTILE: Ont été regroupés dans ce secteur tous les métiers qui utilisent des matières fibreuses d'origine végétale: Palmier nain (doum), roseau jonc, raphia notamment la VANNERIE; la SPARTERIE et la NATTERIE, ou animale: laine surtout; pour confectionner des articles à usage domestique et vestimentaire. Ce secteur reste très développé dans les villes comme à la campagne. • Paniers, chapeaux, présentoirs (tbika), couffins et petits meubles en vannerie: Les
paniers et les chapeaux sont tressés avec les fibres et les feuilles de
palmier nains. Les meubles sont fabriqués à partir de grands roseaux
qui poussent à l'état sauvage ou qui sont cultivés dans des
roselières. • Le Hanbel: C'est une pièce tissée, plus légère et moins épaisse que le tapis. Son utilisation diffère d'une région à l'autre: Il est employé comme couverture, comme sofa ou comme décoration pendant les fêtes nationales ou personnelles. Il remplace parfois le tapis. Les centres de sa production sont: Salé, Zaïane, Zemmour, et Ouazguita. Les matières premières utilisées dans ce genre de tapis se constituent de laine pure ou de coton de bonne qualité. Les fils se distinguent par leur filature perfectionnée et leur propreté; il est à dominante rouge, jaune, vert, noir et marron. Ces couleurs sont faites à base de plantes qui existent dans la région de la production de hanbel. Ce genre connaît actuellement une forte demande de la part des pays européens et américains vu la commodité de son usage et sa valeur artistique. •
Le Handira: Sa trame et sa chaîne sont en laine pure, elle peut être décorée ou tissée en bandes horizontales ou en dessins géométriques variés selon le goût de la tisseuse. Ses bandes sont ornées de paillettes (Khénifra, Zemmour) qui les rendent élégantes. Le handira est souvent rouge, bleu, et noir. Son usage diffère d'une région à l'autre: on s'en sert comme couverture en hiver ou comme "Hayk" pour sortir, à Zemmour, Khénifra et Beni Ouaraïne, la mariée le porte, le jour du mariage. • Le Tissage et la Confection (Vêtements): C'est sur leurs métiers verticaux que les femmes de la campagne marocaine tissent les étoffes de laine dont elles confectionnent les djellabas et les burnous de leurs époux, comme c'est sur les métiers "à pédales" que, dans les villes, sont confectionnés les tissus qui serviront aux mêmes usages. • Le Brocart et la Broderie: Le goût du faste qui, parallèlement à une sobriété et une simplicité quasi-légendaires, caractérise la société marocaine s'exprime dans un certain nombre de spécialités artisanales en rapport avec les matières textiles comme il s'exprime dans l'architecture des palais. A Fès spécialement, qui a été pendant des siècles la capitale incontestée des lettres et des arts, fleurit l'art du tissage des brocarts de soie dont la tradition se perpétue jusqu'à aujourd'hui même si, pour des raisons économiques, des fibres synthétiques remplacent souvent la soie dans la confection des étoffes brochées et moirées. C'est aussi dans les villes impériales que les brodeurs au fil d'or et les passementiers ont travaillé à embellir les étoffes d'ameublement, les mules et les vêtements des dames de la bourgeoisie, qu'ils ont orné pour les cavaliers des tribus les selles et les harnais qui donnent à la fantasia ses couleurs étincelantes. Dans toutes les villes, des styles de broderie caractéristiques ont été employés pour orner les trousseaux de mariage, tandis que chaque fête familiale a été pour la citadine l'occasion de porter un de ses beaux caftans. •
Le Tapis: La production de tapis au Maroc est un des métiers les plus séculaires, actuellement, elle constitue un secteur très important dans l'Artisanat et ce, sur plusieurs plans: la productivité, l'emploi et la rentabilité. Dans le passé, chaque région était connue par sa spécificité de tissage de tapis. Il convient de signaler qu'il existe plusieurs types de tapis. Cette différence vient de la technique de fabrication et de l'origine du tapis. - Selon la technique: il y a le tapis à noeuds, le tapis tissé (handel) et le tapis mixte. - Selon l'origine: il y a le tapis berbère et le tapis citadin. LE TAPIS BERBÈRE: •
Le tapis du Moyen Atlas: Cette région se distingue par
l'élevage des ovins et la production de la laine, ce qui lui a permis
d'exceller dans la fabrication des tapis et de perfectionner leurs
qualités. Les centres les plus importants de ce tapis sont: Marmoucha, Beni m'tir, Aït Ouaraïne, Aït Seghrouchen, Beni M'guild, Aït Ayoub, Zemmour et Zaïane. Le
tapis de cette région se distingue par sa technique qui est en noeuds,
sa décoration est faite de losanges, de carrés, de triangles et de
zigzags. • Le tapis du Haut
Atlas: Cette région connaît le tissage depuis plusieurs
siècles. Chaque tribu a son genre de tapis. Les centres les plus
importants de cette production se trouvent à Chichaoua, Haouz, Marrakech, Aït Ouazguida, Ouled Bou Sbâa, Chiadma, Glaoua, Taznakht. Ces
tapis sont faits de noeuds berbères sur deux lignes; leur fond est
jaune, leurs dessins sont géométriques, denses de couleurs rouge, vert
foncé et blanc cassé. LE TAPIS CITADIN: •
Le tapis de Rabat: Historiquement il provient du
Moyen-Orient. Certains historiens considèrent qu'il fut introduit vers
le 17ème siècle; d'autres pensent que les Arabes de Grenade l'ont
apporté lors de leur migration de l'Andalousie à Rabat et Salé. Le
tapis de Rabat se distingue par son centre rouge entouré de quatre
triangles rectangles qu'on appelle "les ailes d'oiseaux". On
trouve parfois que deux triangles dans le haut du tapis; cela lui donne
la forme de "Mehrah". Les principaux centres de ce tapis
sont Rabat et Salé; mais on les trouve récemment dans toutes les
régions du Maroc. • Le tapis de
Medlouna: On le distingue du tapis de Rabat par ces motifs et
ses couleurs qui dépassent le nombre sept: bleu clair, rouge, orange,
marron, vert, blanc naturel, blanc jaunâtre. Le centre du tapis
contient plus de motifs que les bordures il y a trois ou cinq signes qui
occupent le milieu du tapis, leurs couleurs sont: le bleu, le vert, et
le blanc. • Le tapis genre Rabat: Il
ressemble au tapis de Rabat, mais, il en diffère par ses couleurs, par
le nombre de noeuds au dcm2 qui peut être de 40. Il est produit
essentiellement à Fès, Rabat et Salé. PRODUITS A BASE DE CUIR: L'industrie
du cuir et de la tannerie sont deux activités complémentaires qui sont
connues au Maroc depuis les Almohades notamment à Marrakech et à Fès. •
La tannerie: La tannerie constitue la première opération
dans le traitement du cuir. Le tannage du cuir se fait soit d'une
façon traditionnelle, soit d'une façon moderne. Les centres les plus
célèbres dans ce domaine sont Marrakech, Aït Attab, Beni Mellal, Fès
et Rabat. La tannerie traditionnelle des
peaux de mouton et de chèvre - les "maroquins"
de réputation mondiale - et, dans une moindre mesure, de boeuf
et de chameau, reste une des industries
artisanales les plus actives, de même que la maroquinerie à qui elle
fournit sa matière première. Un effort spécial a été consenti
ces dernières années par les pouvoirs publics pour soutenir et
promouvoir ce secteur de l'économie nationale: création à Fès d'un
Institut du cuir et du textile, organisation de plusieurs centres
d'apprentissage et mise en place d'unités de production et de
coopératives dotées d'un outillage approprié. Les principales utilisations et techniques de travail du cuir au Maroc sont: • La pelleterie et la confection de vêtements en cuir et en fourrure • La maroquinerie: Le terme "Maroquinerie" est dérivé du nom du Maroc. On constate que chaque région se distingue par certains produits: Fès est connue par le cuir orné, Marrakech est célèbre par le cuir excisé et d'autres produits de cuir, Casablanca connaît actuellement une industrie très développée et a introduit une variété de nouveautés pour répondre aux besoins et aux goûts des clients. Tétouan se distingue par les babouches "BALGHA", les valises et les ceintures. Au Rif, Taghazout a conservé les anciennes formes de ses produits tels: "Chekara" et les Sacs brodés. Page
précédente
Artisanat suite
Accueil
Sources d'information: http://www.avmaroc.com
-
www.cna.it/fr/fr
Conception et
réalisation: OMARI Ahmed auteur de
http://ahmed.omari.ifrance.com
Par OMARI Ahmed
- Reproduction interdite - |