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Comment
rester jeunes |
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RESTER JEUNE Qui n'a pas rêvé un jour ou
l'autre d'arrêter le sablier ? A force d'avoir les yeux rivés sur la
courbe toujours plus prometteuse de l'espérance de vie, on s'est presque
convaincu que le rêve était en train de devenir réalité. Nous vivons en
moyenne trente ans de plus qu'en 1900. La population des centenaires est
passée de 200 à 9 000. Et tous les quatre ans les Français gagnent un an
d'espérance de vie. A ce rythme, la moitié des petites filles qui
naissent aujourd'hui fêteront leur centième anniversaire... On vit de
plus en plus longtemps, soit, mais on veut de moins en moins vieillir.
Au premier cheveu blanc, début d'embonpoint ou patte d'oie, c'est
l'angoisse. Et ce pour le plus grand bonheur des marchands du Temple,
qui proposent à prix d'or leurs pilules de jouvence en tout genre. Pourtant, les recettes de
jouvence existent. Eh oui, on peut - avec un peu de chance et beaucoup
de discipline - prolonger sa jeunesse ! La clé pour bien vieillir est
connue des gérontologues. La recette pour bien vieillir, c'est aussi faire marcher ses muscles et ses neurones. Telle est la conclusion d'une enquête européenne menée auprès de 800 centenaires. « Nous nous sommes rendu compte qu'ils avaient tous un point commun : le fait d'avoir conservé une activité physique et intellectuelle importante », indique le professeur Robert Moulias, secrétaire général de la Fondation française de gériatrie et gérontologie, qui s'interroge sur « les effets pervers de l'abaissement de l'âge de la retraite ». « Pour vivre le plus longtemps possible, ajoute-t-il, il faut tâcher d'être vieux le plus tard possible. Ce qui demande un peu de chance du côté de son capital génétique mais surtout une bonne hygiène de vie. » Bref, c'est le paradoxe des
règles simples. On cherche un peu partout l'élixir de jouvence alors que
la solution est entre nos mains . Anti-âge - mode d'emploi -
Bien-être - Lutter contre l'usure du corps est possible. Huit conseils
pour vivre mieux. Le vieillissement n'est pas égalitaire. Il affecte de façon très variable les individus - selon leur capital génétique, leur environnement et leur mode de vie - mais aussi les différents organes et les tissus du corps humain. Si l'usure de notre organisme n'a rien de réjouissant, quelques règles simples permettent d'en atténuer ou d'en retarder certaines manifestations. Le premier organe touché est une petite glande à la base du cou, le thymus, essentiel au développement de l'immunité : il régresse dès la puberté, pour disparaître entièrement vers 20 ans ! Pour autant, nos défenses immunitaires ne diminuent que très graduellement. Puis le travail de sape du temps s'attaque à la peau : un des tissus qui vieillit le plus tôt, ou du moins le plus visiblement - on lit souvent l'âge d'une personne sur son épiderme. C'est ensuite le tour de notre capital musculaire, qui perd de sa masse et de sa vigueur à partir de 40 ans, voire avant chez les grands sportifs. Notre système osseux, lui, commence à fondre - très lentement - dès 30 ou 40 ans puis, à partir de 50 ans, plus rapidement chez les femmes ménopausées. Les fonctions respiratoire et cardio-vasculaire sont progressivement atteintes, ce qui ralentit la récupération après un effort. La plupart des glandes endocrines et sexuelles commencent à fléchir vers 40 ans, mais surtout après 50 ans. Les organes des sens, eux, vieillissent graduellement, surtout après 40 ans. Enfin, notre cerveau - en dehors de toute maladie neurodégénérative - est un des organes les mieux préservés. Quant au foie ou aux reins, ils vieillissent remarquablement bien ! « La chronologie du vieillissement peut être illustrée par cette saisissante comparaison », raconte Jacques Treton, chercheur à l'Association Claude Bernard (Inserm, Paris) : « Un joueur de tennis doit prendre sa retraite dès 35 ans, son capital musculaire ne suffisant déjà plus pour la compétition, tandis qu'un joueur de golf ne décrochera qu'à 60 ans, son habileté psychomotrice et son expérience étant prépondérantes, et un chef d'orchestre pourra continuer à diriger des concerts jusqu'à 80 ans, comme Karajan, sa mémoire et son cerveau pouvant être remarquablement épargnés ! » Chaque organe ou chaque grand système du corps humain possède donc sa propre vitesse de développement, puis de sénescence. Pour retarder leur déclin, les spécialistes du vieillissement préconisent quelques règles de vie - souvent simples : maintenir un bon équilibre alimentaire (sans carence ni excès), pratiquer une activité physique régulière, conserver une vie sociale et une activité intellectuelle, éviter les excès vis-à-vis des facteurs de risque connus - tabac, alcool, exposition solaire... Au fil du temps, la peau s'amincit - de 6 % en moyenne tous les dix ans. Elle perd en souplesse et en élasticité, en fermeté et en hydratation. Les fibres d'élastine et de collagène du derme se dégradent, les molécules riches en sucres qui unissent et hydratent les tissus se raréfient ; l'activité générale des cellules de la peau baisse. A ce vieillissement « normal » s'ajoute une altération liée à l'exposition solaire : le soleil épaissit la surface de l'épiderme, atrophie les couches de cellules sous-jacentes, produit une inflammation, dégrade les fibres de collagène et d'élastine... Plus grave : à long terme, l'excès d'ultraviolets risque de provoquer des cancers de la peau - notamment des mélanomes - dont le nombre ne cesse d'augmenter. Plus la peau possède de mélamine, mieux elle résiste aux cancers : les Noirs sont les mieux protégés, et les blonds/roux, les plus vulnérables. « La prévention du vieillissement cutané consiste avant tout à se protéger des principaux ennemis de la peau : le soleil d'abord, mais aussi le tabac, l'alcool et la pollution. Elle comporte aussi un volet thérapeutique : le traitement hormonal substitutif qui, chez les femmes ménopausées, restaure les effets bénéfiques des hormones sexuelles sur la peau, ou bien l'acide rétinoïque, utilisé contre l'acné mais aussi parfois contre le vieillissement solaire, explique le professeur Jean-Paul Marty, de la faculté de pharmacie de Châtenay-Malabry. Enfin, la cosmétique dispose d'un arsenal de principes actifs comme les antiradicaux libres (vitamines E et C, bêtacarotène...), les alpha-hydroxyacides, le rétinol et le rétinaldéhyde, les composés antiglycation... qui agissent par divers mécanismes pour atténuer certains effets du vieillissement cutané. » Enfin, l'alimentation doit être équilibrée : il s'agit surtout d'éviter les carences, notamment en vitamines et en acides gras. Plus on vieillit, plus la masse maigre - c'est-à-dire musculaire - tend à diminuer, et plus la masse grasse augmente. Cette fonte musculaire commence dès 40 ans mais s'accentue aux grands âges. Associée à l'accumulation
de graisses, elle explique pourquoi les personnes âgées ont des
difficultés de locomotion et pourquoi elles évitent les efforts
physiques. « Un minimum d'exercice physique permet de lutter contre
cette perte de masse et de force musculaire », souligne Gillian
Butler-Browne, du CNRS à la Pitié-Salpêtrière, à Paris. Rester actif
préserve non seulement les muscles, mais aussi la fonction
cardio-vasculaire, qui, du coup, oxygène mieux les tissus, donc les
muscles, protégeant également le capital osseux et les articulations.
Tous ces effets, opérant en boucle, concourent à protéger la fonction
locomotrice. Enfin, l'activité physique améliore l'appétit : or il faut
manger suffisamment, en particulier des vitamines et des protéines -
sinon l'organisme puise dans ses muscles, ce qui accentue leur fonte.
Une autre approche préventive suscite des espoirs : la supplémentation
en facteurs de croissance, notamment musculaire, est activement étudiée
chez les personnes âgées aux Etats-Unis. |
Les os Le tissu osseux se renouvelle en permanence : une partie est détruite par des cellules nommées « ostéoclastes », tandis qu'une partie est reconstruite par les « ostéoblastes ». Jusqu'à 30 ou 40 ans, destruction et formation du nouvel os s'équilibrent ainsi. Après, la destruction l'emporte progressivement, entraînant une fonte osseuse de 3 à 5 % tous les dix ans. La ménopause accélère ce phénomène, à cause de la carence en oestrogène : c'est l'ostéoporose, qui risque d'aboutir, dix à quinze ans après le début de la ménopause, à des fractures osseuses, notamment du col du fémur. Environ 10 % des femmes ont une ostéoporose à 60 ans, 20 % à 65 ans, et 40 % à 75 ans. Chez l'homme, même s'il n'existe pas de véritable andropause, il se produit aussi une fonte osseuse, plus lente. A 80 ans, les femmes ont perdu environ 40 % de leur masse osseuse ; les hommes, environ 25 %. La prévention de l'ostéoporose comporte deux volets : d'abord favoriser l'acquisition du capital osseux, chez les petites filles et les adolescentes, grâce à des apports alimentaires suffisants en calcium et en protéines - il faut manger beaucoup de laitages et boire des eaux minérales riches en calcium. Pour aider la croissance osseuse, les femmes doivent aussi s'exposer régulièrement - mais modérément - au soleil : celui-ci stimule la fabrication, dans l'organisme, de la vitamine D nécessaire à la minéralisation de l'os. L'ostéoporose est plus importante au nord qu'au sud de la France. Quant au second volet - limiter la perte osseuse -, il consiste avant tout, après la ménopause, à suivre un traitement hormonal substitutif : les oestrogènes « calment » les cellules qui détruisent l'os. « Une activité physique comme la marche, le jogging, la randonnée ou la gymnastique - mais non la natation - assure aussi le maintien de la densité osseuse, y compris chez les personnes âgées, assure Martine Cohen-Solal, chercheuse à l'Inserm et clinicienne à l'hôpital Lariboisière, à Paris. De toutes nouvelles molécules sont également très prometteuses : à base de strontium, elles stimulent la formation de l'os et seront sans doute, demain, prescrites pour préserver le capital osseux dans certaines indications. » La première grande cause de vieillissement cardio-vasculaire est l'athérosclérose, une maladie très fréquente. C'est une lente altération de la paroi artérielle qui peut débuter très tôt, chez certains enfants ou adolescents. Elle s'aggrave avec l'âge et divers facteurs : tabac, alcool, hypertension artérielle, hypercholestérolémie, sédentarité, excès de poids... Cette affection est liée au dépôt, sur la paroi des artères, de « plaques d'athérome », un mélange de graisses (principalement du cholestérol), de cellules et de fibres qui rétrécit le diamètre intérieur des artères. Cela peut conduire à l'obstruction, par un caillot, d'une artère qui irrigue le coeur ou le cerveau : c'est l'infarctus du myocarde, ou l'accident vasculaire cérébral. La prévention consiste évidemment à lutter contre ces facteurs de risque. L'alimentation doit être riche en anti-oxydants (vitamines E et C), présents dans les fruits et légumes, et en huiles de poissons, qui renferment les précieux acides gras « oméga 3 ». L'exercice physique régulier est, là aussi, très bénéfique : l'idéal est de pratiquer une activité - adaptée à son âge - 45 minutes, trois fois par semaine. Enfin, « la grande nouveauté dans la prévention du risque cardio-vasculaire, a été la découverte que cette maladie chronique n'est pas, comme on le pensait, irréversible. Bien au contraire, on peut rendre les plaques d'athérome moins dangereuses - en modifiant leur composition ou en réduisant leur taille - à l'aide de médicaments : les statines. Leur efficacité a été démontrée : chez les sujets à risque, jeunes ou âgés, elles augmentent l'espérance de vie en réduisant le nombre d'accidents vasculaires. A l'avenir, leurs indications pourraient être encore étendues », témoigne le professeur Jean Ferrières, cardiologue à la faculté de médecine de Toulouse. Nos glandes endocrines vieillissent très différemment les unes des autres, probablement sous la commande centrale du cerveau. De nombreuses hormones chutent avec l'âge, comme l'hormone de croissance, les hormones thyroïdiennes et stéroïdes - dont la fameuse DHEA... « Quelques hormones résistent cependant au temps, comme l'ACTH, une des hormones du stress, qui tend même à augmenter au fil des ans », souligne Jacques Epelbaum, de l'Inserm à Paris. Vis-à-vis des hormones sexuelles, hommes et femmes ne sont pas égaux : les femmes connaissent, avec la ménopause, un arrêt brutal de la fonction reproductive, tandis que les hommes présentent une baisse graduelle de leur testostérone. On peut néanmoins suppléer les carences en oestrogène et progestérone de la ménopause. C'est le traitement hormonal substitutif, qui améliore la qualité de vie des femmes traitées en atténuant les troubles liés à ces carences - troubles psychiques ou sexuels, problèmes de poids, vieillissement cutané, ostéoporose... En revanche, on ne peut rien contre l'extinction de la fonction reproductive de l'ovaire, c'est-à-dire contre l'arrêt de l'ovulation. Une voie d'avenir se dessine : « Chez l'homme, la nécessité de compenser la baisse progressive de la testostérone, pour pallier les effets - notamment sexuels et immunitaires - de l'âge, fait aujourd'hui l'objet de nombreuses discussions. Elle est en cours d'évaluation aux Etats-Unis, mais il faudra attendre plusieurs années avant de connaître le rapport bénéfices/risques d'une telle approche », indique Jacques Epelbaum. De même pour la DHEA, qui soulève tant d'espoirs (voir article page 51) : pour le moment, cette hormone entraîne quelques effets bénéfiques - relativement modestes - chez les femmes de plus de 60 ans en bonne santé. Elle continue de faire l'objet de très sérieuses évaluations en France, avant que l'on puisse préciser la véritable portée de ses effets - notamment chez les personnes âgées en moins bonne santé. Pour autant, le vieillissement ne signe pas la fin de la vie sexuelle. Contre la baisse du désir fréquemment liée à l'âge, la meilleure solution - chez l'homme comme chez la femme - est sûrement... de rester amoureux ! Le déclin « normal » de l'acuité visuelle commence à partir de 40 ans : c'est la presbytie, qui atteint tout le monde - les myopes, plus tardivement. Il n'y a, à ce jour, aucun moyen préventif. Par ailleurs, une des plus graves maladies de l'oeil est la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA), une affection de la rétine qui touche près de 10 % des personnes de plus de 60 ans, et jusqu'à la moitié des sujets de 80 ans. Elle atteint la partie centrale de la rétine, la macula, essentielle à notre vue. La vision centrale finit par disparaître : seul subsiste un halo périphérique ; on ne peut plus lire ni écrire. Très peu de traitements existent. L'espoir réside dans la recherche : on espère trouver des cellules souches qui, réimplantées dans l'oeil, répareraient la zone de rétine atteinte. Autre grande maladie oculaire de l'âge : la cataracte, liée à l'opacification du cristallin - première cause de cécité dans le monde. « Il faut se méfier de l'excès de lumière, indique Yves Courtois, de l'Inserm à Paris. Le port de lunettes solaires, y compris chez le jeune enfant, est recommandé. » La chirurgie est ici très efficace et même fortement conseillée, y compris chez les personnes très âgées : en leur rendant la vue, elle leur rend parfois la vie. Enfin, attention au port répété des lentilles de contact, qui augmente les inflammations de la cornée (kératites) et pourrait entraîner, à terme, un blanchiment cornéen, lié à une mauvaise oxygénation des tissus. En vieillissant, certaines cellules de l'oreille meurent sans être remplacées, entraînant des surdités plus ou moins sévères, invalidantes et désocialisantes. Près de 9 millions de Français souffriraient de mal-audition, souvent négligée. Il existe cependant des appareillages - souvent efficaces et très coûteux - et des possibilités de chirurgie. « Le vieillissement normal du cerveau ne s'accompagne jamais d'incapacités graves, souligne le professeur Françoise Forette, de l'hôpital Broca à Paris. Il n'entraîne que des troubles mineurs, comme une légère baisse de la mémoire ou une moindre capacité de réaction à des stimuli multiples : tout cela reste compatible avec une vie quotidienne normale. En revanche, l'apparition d'une anomalie comportementale doit être un signe d'alerte : elle révèle une maladie cérébrale sous-jacente, dégénérative ou vasculaire. » « La principale prévention reste l'entraînement quotidien. Il s'agit de maintenir une vie intellectuelle et sociale : lire, faire des mots croisés ou participer à une activité associative, par exemple », poursuit Françoise Forette. On a par
ailleurs observé que l'exercice physique avait ses vertus. La marche ou
le jardinage sont bénéfiques car ils mobilisent l'activité du cerveau et
favorisent son oxygénation. Le dernier message est le plus plaisant : il
faut veiller à une alimentation variée et équilibrée. Elle doit
notamment être riche en poissons, qui contiennent des corps gras
favorables, et en fruits et légumes, qui renferment de précieuses
vitamines et l'acide folique indispensable pour notre mémoire . |
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Meknès ville impériale" réalisé par OMARI Ahmed |