
L'Institut Français
La médiathèque de
l'Institut Français à Meknès
Localisation
Trait d'union entre l'ancienne medina et la nouvelle ville, l'Institut
français de Meknès bénéficie d'un emplacement stratégique, dans un
site inauguré en 1998 au sein d'un immense et beau parc. La médiathèque
y représente une oasis d'information et de culture dans un très bel
espace de 620 m2 qui s'étend sur deux niveaux vitrés avec des vues
imprenables sur le jardin pour le bonheur du public. Elle a l'avantage d'être
particulièrement fonctionnelle à l'image de tout l'institut qui a été
conçu et construit comme tel.
La
salle multimédia est unique en son genre dans le réseau des
médiathèques
Dans ce cadre moderne et accueillant, le rez-de-chaussée ouvre
sur une impressionnante offre de revues, réserve de la place aux
collections de fiction (romans, théâtre, bandes dessinées) et révèle
aussi un secteur propre au jeune public. Carrefour de tous les adhérents,
le vaste bureau de prêt se déploie à proximité du grand escalier
central qui vous transporte sur une mezzanine de belle ampleur où se
trouve de la documentation en tout domaine, ainsi qu'un espace multimédia
spécifique avec sa batterie d'écrans de consultation. Aménagée il y a
deux ans et unique en son genre dans le réseau des médiathèques, la
salle multimédia permet de consulter vidéos, DVD, cédéroms et
d'accéder à Internet tout en restant à proximité de la documentation
imprimée : la richesse de la médiathèque repose sur cette
indispensable complémentarité. Porte d'accès aux diverses réalités de
la France d'aujourd'hui, la médiathèque suit aussi de près les domaines
du théâtre et de la danse pour le compte du réseau des dix médiathèques
qui se partagent des pôles de spécialisation.

Salle de la documentation Vue
de la salle multimédia
La section Jeunesse
A été particulièrement
pensée pour accueillir les enfants aux besoins variés dans un espace non
extensible. Les rayons sont réservés aux lectures des plus grands tandis
que les bandes dessinées et les albums sont présentés dans des bacs
d'accès direct et facile pour les petits. Les nouveautés sont mises en
valeur sur différents présentoirs (grille, étagère, table) qui servent
aussi à des expositions thématiques. Les enfants découvrent aussi des
vidéos, des cassettes audio et des disques avec un poste d'écoute, des cédéroms
consultables sur place. Un sympathique coin
lecture avec gradins et coussins s'ajoute aux tables de travail. Un
bouquet d'animation ravit le jeune public et le club lecture qui aboutit
à la présentation de spectacles (défilé de livres, concours Miss monde
des sorcières etc.…) est une garantie d'épanouissement
La médiathèque intensifie aussi son aide au développement
de bibliothèques municipales
Les
rencontres littéraires de la médiathèque sont aussi devenues des
moments privilégiés pour beaucoup d'adhérents et non adhérents
qui guettent ces moments intenses d'échanges chaleureux et de débats
approfondis. Lieu de diffusion des idées et centre de dialogue au
croisement des cultures, associant la recherche savante à la culture d'un
plus large public, la médiathèque, avec ces rencontres, renforce son
rayonnement extérieur, contribue à la diversification et à la fidélisation
de son public et se veut assumer un rôle de grande importance :
favoriser le débat et la rencontre des gens, donner à réfléchir sur
les grands sujets contemporains.
Dans sa région, la médiathèque intensifie aussi son aide au développement
de bibliothèques municipales, scolaires ou d'associations par des
formations, des conseils et suivis dans la réorganisation de lieux et la
qualification de personnels. Elle est devenue un partenaire de choix pour
tout ce qui concerne la formation aux métiers du livre et les nouvelles
technologies de l'information. Son partenariat est aussi apprécié pour
l'organisation de manifestations très variées comme " la journée
mondiale de lutte contre le sida " ou " Lire en fête ".
Source: www.ambafrance-ma.org
L¹Institut
français de Meknès, un lieu de culture ou d'acculturation ?
L¹Institut
Français de Meknès connaît ces dernières années un engouement sans
précèdent et une demande généralisée pour suivre les cours de
langue française dispensée à qui veut «déguster» les finesses de
la langue de Voltaire. Les prix abordables, la somptuosité du contexte
et la qualité de l¹encadrement et du contenu ont provoqué une
sur-demande. Les concepteurs du projet ont alors élargi leur rayon d¹action
en édifiant une annexe au Centre de formation des instituteurs au
quartier Sbata (Meknès).
De prime abord, on peut croire que l¹aspect
commercial du projet et son rendement lucratif ont pris le pas sur son
aspect culturel et coopératif. Telle pourrait être l¹analyse
superficielle et naïve de certains esprits limités et de ceux qui
croient aux vertus et à la crédibilité de la Coopération entre les
pays nantis du Nord et ceux démunis et pauvres du Sud. «L¹habit ne
fait pas le moine» disent toujours les Français. Cette hypothétique
Coopération n¹est justement que l¹habit d¹un moine qui n¹a jamais
existé. Le capitalisme à outrance, le libéralisme sauvage, la loi du
marché devenue loi de la jungle où il n¹y a de place qu¹au
gigantisme, le mercantilisme d¹État, la philosophie colonialiste ont
été conçus pour que le Sud reste éternellement au chevet du Nord,
son esclave et son bailleur de fond. Le financement d¹une bonne partie
du confort de l¹occident est puisé d¹ailleurs dans les eaux, sous les
terres et parmi les hommes du Sud.
Ce n¹est qu¹illusion et leurre le fait de
croire à une certaine réelle dépendance des pays libérés par le
colon occidental. Les pactes ressemblent plus à une liberté éternellement
provisoire ou avec caution dont le montant et la durée son déterminés
au gré et aux besoins du conquérant. La présence étrangère est une
permanence. La nature de cette présence a changé sous l¹influence des
conjonctures, son objectif est resté cependant le même : garder
la main mise sur les richesses, matérielles et humaines, des pays
ensevelis. Ainsi nous sommes passés de l'occupation militaire à l¹inféodation
culturelle tout en gardant l¹exploitation économique en toile de fond.
Imposer l'adoption d¹un ensemble de valeurs,
imprimer un mode de vie et de pensée, recaler la culture originale et
lui substituer la culture occidentale dominante sont devenues les
composantes de l¹arme, efficace et efficiente, utilisée pour garder le
cordon ombilical colonialiste. Cette arme a un nom connu des sociologues
et des anthropologues, il s¹agit de l¹Acculturation. Selon le Mémorandum
du Social Science Research Council, ce terme rassemble les « phénomènes
résultant du contact direct et continu entre des groupes d¹individus
de culture différentes avec des changements subséquents dans les types
de cultures originaux ». Cette définition élaborée en 1936 ne
pouvait que sous-estimer les moyens de communication modernes qui
peuvent rendre virtuel le contact. D¹autres termes ont donc fait leur
apparition pour qualifier ces chocs culturels. L¹²assimilation² en
est un. C¹est un vocable qui qualifie l¹abandon de l¹identité d¹origine
et l¹adoption de celle imposée par la culture dominante.
Reculturation, déculturation, transculturation, enculturationŠsont
autant de termes qui ont fusionné autour de la névralgie culturelle
qui a caractérisé les relations entre Nord et Sud ces 50 dernières
années.
La langue est l¹un des paramètres les plus déterminants
d¹une identité culturelle. On ne peut en effet défendre sa marocanité
sans communiquer, au mieux, et parler, au moins, en montrant un certain
niveau de maîtrise de la langue arabe. Elle est donc devenue l¹arme la
plus prisée et la plus dangereuse que l¹occident exploite sans économie
d¹hommes et d¹argent. La dichotomie linguistique qui a divisé le
monde en francophones et en anglo-saxons n¹est que l¹un des résultats
de cette nouvelle forme d¹envahissement. Le nerf de guerre qui préoccupe
les puissances mondiales a désormais un visage culturel, il s¹agit de
la langue. Pour la culture musulmane arabe, le motif est double. L¹arabe
est non seulement la langue qui véhicule nos valeurs en tant qu¹Arabes,
elle est également la langue avec laquelle est écrit l¹un des piliers
de la religion musulmane : le Coran. Annihiler l¹arabe d¹un
musulman c¹est le priver de la référence théorique, idéologique et
axiologique la plus crédible et la plus authentique de sa religion :
l¹Islam. C¹est, en un mot, avachir l¹appartenance à cette religion.
Celle-ci étant devenue source d¹insécurité et d¹instabilité, la
destruction de ses fondements et la redéfinition de sa philosophie s¹est
érigée en priorité explicite des forces occidentales. La guerre déclarée
à l¹Islam n¹est plus latente.
La prétention culturelle derrière l¹implantation
massive des Centres Culturels Français ou autres au Maroc est à saisir
avec réserve. Le culturel dans son sens respectueux des différences et
des appartenances est diamétralement opposé aux activités dont l¹apparence
est culturelle mais dont l¹essence est "acculturelle" (dans
le sens de la substitution d¹une culture à une autre). Nous savons qu¹une
culture qui n¹échange pas est une culture morte, au même titre qu¹une
langue qui n¹évolue pas est une langue morte. Nous savons également
que lorsque la langue de l¹ancien conquérant devient langue véhiculaire,
la problématique de l¹échange culturel est débordée pour installer
un rapport de force déséquilibré où on parlera plus d¹une culture
dominante et d¹une culture dominée.
Apprendre et maîtriser la manipulation de
plusieurs langues est une richesse quand l¹objectif est de bâtir des
ponts de liaison et d¹édifier des passerelles culturelles avec d¹autres
nations ; les connaître et élargir son champ d¹investigation
humain et scientifique. C¹est par contre une catastrophe sociale,
culturelle et économique quand tous les efforts studieux fournis par
nos enfants débouchent paradoxalement vers une errance identitaire. Une
perte du particularisme marocain, arabe et musulman peut plonger dans la
désolation et le regret tous ceux qui ne contrôleront pas les débordements
qui peuvent accompagner la maîtrise d¹une langue étrangère. Celle-ci
n¹est en aucun cas signe de démarquage social ou symbole d¹intellectualisme,
elle n¹a pas non plus un caractère endogène qui la rendrait plus
communicative que la langue mère ou qu¹une autre langueŠ..elle est
tout simplement représentative de l¹histoire et de la culture d¹une
communauté que nous devons connaître si nous voulons consommer
correctement les impératifs de l¹inévitable mondialisation.
Alors attention aux excès et aux valeurs identitaires froissées.
A. Masmoudi
Source: Al bayane (quotidien marocain)
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